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Main tendue ou mainmise ? La stratégie US en Afrique [Business Africa]

Ndéa Yoka, présentatrice et productrice de Business Africa, et son invité, l’historien M. Amzat Boukari-Yabara.   -  
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Cette semaine, notre invité, l’historien Amzat Boukari-Yabara, revient sur l’intensification de l’influence américaine en Afrique, entre projets énergétiques et miniers. L’Union Européenne cherche à renforcer ses liens commerciaux avec le Zimbabwe, tandis qu’en Ouganda, la crise du thé frappe l’industrie.

L'Afrique face à la stratégie multidimensionnelle des États-Unis

Alors que les grandes puissances se disputent l'accès aux ressources stratégiques africaines, les États-Unis déploient une offensive complexe combinant investissements économiques, coopération sécuritaire et médiations diplomatiques. Cette stratégie vise autant à sécuriser les approvisionnements énergétiques et miniers qu'à contrer l'influence croissante de la Chine et de la Russie sur le continent.

Le gazoduc Nigeria-Maroc, pivot énergétique et géopolitique

Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc (5 660 km, 25 milliards $) illustre parfaitement cette approche. Soutenu activement par Washington, ce méga-projet répond à plusieurs objectifs stratégiques : réduire la dépendance européenne au gaz russe, contrer l'avance chinoise - le géant Jingye fournissant déjà les matériaux pour sa construction - et renforcer l'influence américaine. "Il y a une reconfiguration des enjeux énergétiques depuis la guerre en Ukraine", analyse l'historien Amzat Boukari-Yabara, soulignant comment les États-Unis exploitent les nouvelles vulnérabilités européennes.

RDC : ressources minières et instabilité instrumentalisée

En République Démocratique du Congo, la stratégie américaine révèle ses ambiguïtés. D'un côté, des entreprises comme KoBold Metals (soutenue par Bill Gates et Jeff Bezos) investissent massivement dans l'extraction de cobalt et de cuivre. De l'autre, Washington propose un soutien militaire conditionnel dans l'Est du pays tout en jouant les médiateurs dans le conflit avec le Rwanda. "On assiste à une monétisation de l'instabilité", dénonce Boukari-Yabara, pointant "une capacité des Américains à exercer un chantage diplomatique, commercial, sécuritaire". Cette approche atteint son paroxysme avec les négociations opaques incluant le Rwanda sur les ressources congolaises, qui "tendent à pérenniser la problématique dans l'Est du Congo".

Kenya et terres rares : un partenariat stratégique

Au Kenya, les États-Unis renforcent leurs partenariats autour des terres rares essentielles à la transition énergétique. Cette offensive s'inscrit dans la course mondiale aux métaux critiques où Washington entend combler son retard sur Pékin. Une dynamique qui s'accompagne d'un repositionnement militaire dans la région, notamment au Sahel après le retrait français.

Des méthodes qui interrogent

Les récentes initiatives américaines soulèvent des questions sur le respect de la souveraineté africaine. La proposition de Trump d'échanger une reconnaissance du Somaliland contre l'accueil de réfugiés palestiniens en est l'exemple le plus frappant. Pour Boukari-Yabara, ces "négociations d'affairistes" révèlent une vision purement transactionnelle des relations avec l'Afrique.

Face à cette politique agressive, l'historien plaide pour l'urgence d'une réponse continentale unifiée : "Il faut créer des industries transnationales et régler la question du franc CFA". Un appel à l'unité qui résonne alors que "toutes les ressources concernent directement les États-Unis dans leur vision du monde". Reste à savoir si les pays africains parviendront à transformer cette nouvelle rivalité géopolitique en opportunité pour un développement véritablement souverain.

Zimbabwe : Vers un partenariat commercial renforcé avec l’UE ?

Alors que les États-Unis réduisent leur aide à de nombreux pays africains, l’Union européenne revoit sa stratégie sur le continent, notamment au Zimbabwe. Bruxelles abandonne le rôle de simple bailleur pour celui de co-investisseur, proposant un accès sans droits ni taxes à son marché. La France soutient des PME agricoles locales, et les Pays-Bas importent déjà fruits et acier zimbabwéens.

Cette relance commerciale européenne intervient dans un contexte politique tendu : la récente loi sur les ONG (PVO Bill), jugée liberticide par des organisations civiles, suscite l’inquiétude. Malgré cela, l’UE espère que les entreprises zimbabwéennes saisiront cette ouverture.

Un reportage de Keith Baptist.

Ouganda : l'industrie du thé en péril face à l'effondrement des prix

L'industrie du thé en Ouganda traverse une crise sans précédent. Les prix du thé ont chuté de manière significative, atteignant en moyenne 0,79 $ le kilo, bien en dessous des plus de 2 $ enregistrés par les thés du Kenya et du Rwanda. Cette baisse drastique des prix a poussé de nombreux agriculteurs à abandonner la culture du thé au profit de cultures alternatives plus rentables, telles que le maïs et les bananes.

Victoria Ashabahebwa, directrice de Swazi Tea Co. LTD, souligne que plus d'un million de personnes dépendent du thé pour leur subsistance en Ouganda. La baisse de la qualité du thé, les coûts de production élevés et le manque de soutien gouvernemental sont autant de facteurs qui contribuent à cette crise. Les agriculteurs et les transformateurs de thé ont lancé des appels au gouvernement pour qu'il investisse dans le secteur et sauve une industrie autrefois prospère, mais aucune réponse officielle n'a encore été donnée.

Un reportage d'Isabel Nakirya.